Tigzirt
Waâda à Sidi Hend Aharfouche
Vendredi dernier a eu lieu aujourd’hui une immense waâda du saint local Sidi Hend Aharfouche.
***--Cette année, l’événement est sur toutes les lèvres, il est vrai que les organisateurs ont mis le paquet. Le village de Tifra à Tigzirt-sur-mer accueille déjà la centaine des premiers ziar.
Quarente trois moutons sacrés, des quintaux de couscous, des affiches d’annonces placardées en ville présagent du rush de centaines de pèlerins.
A 9h00, un cortège pédestre avec les descendants du saint en tête, s’ébranle du sanctuaire vers la vieille résidence du saint pour chercher l’étendard ou assendjaq sacré. Au chant religieux des hommes répondaient les youyous des femmes qui fermaient la procession.
Au retour, des centaines de pèlerins, vieux hommes, femmes, enfants s’installent sous les arbres de lentisques, rencontre de piété et de tradition comme la coutume séculaire le voulait.
Sidi Hend Aharfouche, le saint local jouit encore de nos jours d’un respect inébranlable. Quand a-t-il vécu. Nul ne le sait avec certitude. Il y a des siècles en tout cas. Ce que l’on sait en revanche, c’est que sa conduite et son enseignement ont fait de lui un saint dont la parole est toujours d’actualité et d’une justesse parfaite.
Les vieux de la région parlent encore de son testament oral. Il était marabout et sans verser dans le rigorisme habituel, il professait l’islam en appelant toujours au travail et au labeur. Il poussait d’ailleurs ses propres enfants à donner l’exemple à la collectivité. Il leur disait : Djighawend tiburtin maci tissurtines” (Je vous lègue des potagers plutôt que des versets), façon de dire que le travail est source de vie, et qu’ils devaient vivre comme leur peuple.
Résultat, ses descendants quoique très croyants ne disposent pas de clergé ou d'imam, se marient et font alliance avec les Kabyles et ce, depuis des siècles, tout en restant attachés à la religion, à l’histoire et à l’aura de leur aïeul.
On parle aussi du caractère de justice et d’équité remarquables de Sidi Hend Aharfouche.
Il disait un jour : “Tajenwits lqetlaan lchaabiw, tin ihfan iwarawin”, (Je réserve une lame effilée pour mon peuple et une lame effilochée pour mes enfants), sous entendu qu’il punirait plus sévèrement ses enfants s’ils venaient à faillir que le reste de son peuple.
Ce qui dénote un caractère saint que la population des siècles durant, a su apprécier et continue à apprécier.
Le jour de sa waâda, et comme pour continuer son message, une section de la Protection civile, commandant en grande tenue en tête se rendit au sanctuaire, distribuant des prospectus de sensibilisation pour les adultes et les enfants.
Les Tisquma furent dressées l’après-midi et on se réunit autour des plats de couscous avec de la viande à profusion, et on lit ensuite la fatiha.
Le commandant de la section au moment du départ, actionna le mégaphone de son véhicule, déclarant ses félicitations aux organisateurs et aux ziar.
Au plus fort de sa baraka, le saint protecteur Sidi Hend Aharfouche, a visiblement séduit également notre autre protecteur qui est la Protection civile.
F. T
Source : La Depeche de Kabylie du 31/08/2005